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Déroulé et principaux travaux scientifiques
Après des études au lycée Janson-de-Sailly, puis à l’Ecole normale supérieure Ulm (1956-1960), avec de remarquables professeurs tels qu’Pierre Aigrain, Raymond Castaing, Hubert Curien, André Guinier, Alfred Kastler et Yves Rocard, PL fut attiré par l’astrophysique. Dirigé par Jacques Blamont pour son Diplôme d’études supérieures (1959), PL s’engagea dans la terra incognita que représentait la lumière infrarouge des astres. La réalisation proposée – un bolomètre supraconducteur, fonctionnant à la température de l’Hélium liquide, à lancer avec un ballon stratosphérique -, était hors de portée d’un diplômitif, mais fut une belle leçon de prise de risque, accompagnée d’un séjour à Saint-Michel pour découvrir la spectroscopie de Fourier avec Pierre Connes, et d’un autre dans une cave de l’Université du Minnesota. Après l’agrégation de sciences physiques, premier poste (assistant) au Centre d’Orsay, alors annexe de la Sorbonne. Années de passion pour la pédagogie, avec le succès d’une traduction française des 5 volumes du fameux Berkeley Physics Course. En 1964, sous la direction de J.-C. Pecker et en lien avec le Groupe infrarouge constitué par J. Lequeux à Meudon, débute la préparation de la thèse de Doctorat d’Etat : Recherches sur le rayonnement continu du Soleil entre 1,5 et 500 micromètres, soutenue en Sorbonne (1969). Elle aura utilisé le plus grand télescope solaire existant alors à l’Observatoire de Kitt Peak (Arizona), ainsi qu’un avion de la NASA, pour observer le Soleil dans l’infrarouge lointain. La température du minimum est déterminée : 4360 K (+-220), valeur acceptée depuis, ainsi que d’autres résultats, dont l’un des premiers spectres à haute résolution des constituants de la stratosphère.
After physics studies at the Ecole normale supérieure 1956-1960), PL made the choice of astrophysics to study the infrared sky, essentially unknown at the time. After graduating with the Agrégation, he became Assistant at the Sorbonne (Orsay), and led the Berkeley Physics Course translation in French. In 1964, he began preparing a Thèse de Doctorat d’Etat, defended in 1969 on Research on the continuum emission of the Sun between 1.5 and 500 micrometers. For it, he had worked 3 years at Kitt Peak National Observatory (Arizona) and High Altitude Observatory (Colorado). He determined the minimum temperature of the solar atmosphere.
Nommé Professeur (1973) à l’université Paris VII (aujourd’hui Paris Diderot) au moment de l’éclatement de la Sorbonne, PL restera fidèle à cette université qui se veut pluridisciplinaire et pédagogique. Il y enseigne la physique aux étudiants débutants, et l’astrophysique aux professeurs du secondaire soucieux de formation continue. Evry Schatzman lui confie la direction du DEA d’astrophysique (1976-1983), puis 1992-1996), et la formation des jeunes chercheurs dans cette discipline restera un axe essentiel, avec la création de l’Ecole doctorale Astronomie & Astrophysique d’Ile-de-France (n°127, Observatoire de Paris), que PL dirige de 1996 à 2004, avec une équipe de collègues. Ce dispositif aura formé, depuis le début des années 1980, entre 30 et 50 jeunes docteurs par an, et veillé étroitement à leur insertion professionnelle. Un livre aux multiples éditions et traductions témoigne de l’enseignement donné par PL.
Becoming Full Professor (1973) at the new university Paris VII (today Paris Diderot), PL will keep this position until retirement (2004). His lectures on Observational astrophysics have been published several times and translated (English, Chinese). He becomes Head of the Astrophysics Graduate school, first for Paris VII, then for all the science universities of Ile-de-France, with a team of colleagues. This graduate school has trained hundreds of PhDs since 1970.
De retour à l’Observatoire de Paris (Département DESPA, puis LESIA), PL dirige l’Equipe de recherche associée au CNRS ERA177, transformée en Laboratoire associé Astronomie infrarouge en 1981, puis intégrée dans le DESPA en 1983. En leur sein, la jeune astronomie infrarouge se développe rapidement : observations solaires et planétaires en ballon et au sol ; spectroscopie du milieu interstellaire. Avec l’appui du CNES, de l’INAG et de l’Agence spatiale européennes, tout juste créés, un télescope infrarouge de 30 cm est installé sur la Caravelle 116 du CEV, puis sur le Convair-990 de la NASA. La décennie 1970 est féconde, avec les premières observations de nuages moléculaires froids ou du rayonnement diffus des poussières du plan galactique. Le prototype d’essais Concorde 001 permet à plusieurs équipes l’observation de l’éclipse totale du 30 juin 1973, établissant un record de totalité de 74 minutes, jamais battu (en 2015) et de nombreux résultats concernant la couronne solaire.
At the Observatoire de Paris, he takes the direction of a new infrared astronomy group : solar and planetary studies ; spectra of interstellar medium. He develops an airborne telescope, flying both in France and with NASA, observing cold molecular clouds and galactic dust emission. In 1973, onboard the supersonic Concorde 001, with several invited teams, the total solar eclipse is observed for 74 minutes, an absolute record.
En 1978, PL est nommé membre puis président du Scientific & Technical Committee de l’Observatoire européen austral (ESO). Avec la fin des vols en avion, dépassés par les télescopes de la NASA, une nouvelle direction de recherche s’ouvre, inspirée par l’interférométrie des tavelures d’Antoine Labeyrie (1969) : la recherche de la très haute résolution angulaire occupe désormais les années 1979-2004, marquées successivement par l’exploitation de cette technique dans l’infrarouge depuis les télescopes du Chili, du Caucase, de Kitt Peak ou de Zelentchouk (Crimée), plusieurs thèses s’attachent aux processus d’accrétion dans les étoiles en formation, ou d’éjections de matière et vents stellaires. A partir de 1978 l’ESO met en étude son futur grand télescope, occasion d’en optimiser la résolution angulaire, Avec Fritz Merkle et Jean-Claude Fontanella (ONERA), soutenu par Lodewijk Woltjer directeur de l’ESO, PL met au point la technique d’optique adaptative (OA), dont la démonstration historique a lieu à St-Michel en Provence (1989) puis sur le télescope de 3m60 de l’ESO ce qui donnera à cette institution, comme aux équipes françaises à Meudon, puis Grenoble et Marseille, une avance qui se maintient dans les deux décennies suivantes, tandis que la technique se généralise partout dans le monde. De nombreux résultats scientifiques suivent au long des années 1990.L’optique adaptative est également développé, à partir de 1990, pour des applications en ophtalmologie et l’obtention in vivo d’images des photorécepteurs rétiniens à très haute résolution. Antoine Labeyrie ayant fait une autre percée avec l’interférométrie optique (1975), PL propose de faire du futur VLT un interféromètre et étudie la faisabilité de ce projet, considéré comme très ambitieux, avec François Roddier et les ingénieurs de l’ESO. Le VLT est approuvé en 1987, avec son mode interférométrique (VLTI), qui sera inauguré en 2002. A nouveau, une série de thèses préparées sous sa direction explorent l’interférométrie infrarouge et développent la compétence des équipes françaises. Il dirige le Programme national de l’INSU/CNRS, Haute résolution angulaire en astrophysique (1993-96 et 1997-2000). Sous son impulsion et en collaboration avec le CEA/LETI/LIR et les sociétés Philips, puis SOFRADIR, son laboratoire développe des détecteurs mosaïques. Ceux-ci équiperont la caméra proche-infrarouge du satellite français Infrared Space Observatory (ISO), lancé en 1996.
After 1976, PL’s research focuses on very high resolution imaging in the infrared, from ground base telescopes. With speckle interferometry, then with adaptive optics, finally with optical interferometry, in collaboration with François Roddier. Adaptive optics is demonstrated for the first time in astronomy in 1989, and leads to many discoveries during the following decades on large telescopes. PL’s role in the conception of the European Very Large Telescope with the European Southern Observatory leads to implement an interferometric mode coupling the giant 8-m telescopes, along the ideas of Antoine Labeyrie, inaugurated in 2002. A strong team is built in France and continues to ensure leadership in these domains. Work with industry is also done on 2D-detectors in the infrared, leading to the near-IR camera of the ISO satellite (1996).
Les travaux scientifiques de PL se poursuivront après le départ à la retraite (2004), dont notamment une collaboration avec Reinhard Genzel pour la conception de l’instrument Gravity, destiné à l’étude interférométrique (VLTI) des phénomènes gravitationnels en champ fort autour du trou noir situé au centre de la Galaxie.
Outre ses ouvrages, 70 publications (revues de rang A), 134 contributions publiées à des Colloques ou Conférences invitées traduisent son activité de recherche. Il a directement dirigé une vingtaine de thèses de doctorat.
Beside books, PL published 70 refereed publications and gave 134 contributions at Conferences. He directly directed 20 PhDs.
La carrière de PL a été évoquée lors du Colloque organisé en 2004 par ses amis et élèves, lors de son départ à la retraite, sous le titre Visions for Infrared Astronomy, publié par Coudé du Foresto, V., Rouan, D., Rousset, G. Eds., Lavoisier, Paris (published at the occasion of PL’s retirement in 2004), Accéder
Autres responsabilités et actions/Other responsibilities and actions
Le développement/ISSUES ON DEVELOPMENT
Intéressé par l’émergence du Tiers-Monde, PL suit les cours de François Perroux au Collège de France au début des années 1960. Engagé dans la Jeunesse Etudiante Chrétienne, notamment en opposition à la guerre d’Algérie, il organise en France, dès la paix revenue (1962), avec Goery Delacôte et des camarades normaliens, un stage de physique de deux mois pour 50 jeunes Algériens revenus du combat. Il sera membre actif de l’ASTI de Meudon (1969-1981) et du Groupe Action Solidarité, dont il est aujourd’hui membre d’honneur. Il retrouvera les questions de développement plus tard, avec ses coopérations scientifiques mais surtout avec La main à la pâte après 1995 (infra).
After an early interest for issues on development, PL will come back to them after 1995, with La main à la pâte and the development of science education worldwide.
Science et éducation/SCIENCE & EDUCATION
Dès 1979, aux côtés de Paul Delouvrier, PL accompagne la conception de la nouvelle Cité des sciences et de l’industrie de La Villette. La grande série télévisée Tours du monde, Tours du ciel (1989, second partie 2009) où, avec Michel Serres, PL accompagne le réalisateur Robert Pansard-Besson, marque le début d’une activité tournée vers le grand public, avec de nombreux ouvrages et conférences, et la participation au Comité scientifique de la chaîne ARTE (1992-1995) et l’émission Archimède.
En 1992, PL est nommé à la présidence des Conseils de l’Institut national de recherche pédagogique (1991-1997), dont il prépare la décentralisation à Lyon, auprès de la nouvelle ENS.
En 1995 avec Yves Quéré et l’Académie des sciences, il rejoint Georges Charpak pour lancer l’opération La main à la pâte, Le développement de celle-ci, en France, en Europe et dans le monde, va marquer les vingt années suivantes, avec de multiples collaborations avec les écoles et collèges, les ministères français, la Commission européenne, les Académies étrangères. En 2005 l’Académie des sciences se dote d’une Délégation à l’éducation et la formation (DEF). PL, nommé Délégué (2005-2011) et avec le concours d’Yves Quéré, amplifie La main à la pâte et traite de nombreuses autres questions d’intérêt pour l’Académie (Avis) et pour le pays (programmes de primaire et de collège, formation initiale et permanente des professeurs..). En 2011 l’Académie crée avec les deux ENS (Paris et Lyon) une Fondation de coopération scientifique La main à la pâte, dont PL est le premier président (2011-2014) et qui comprend en 2015 un staff de 25 personnes. La main à la pâte est devenue une référence internationale pour un enseignement de science actif en direction des enfants et collégiens. Plus de 50 publications depuis 1996 témoignent de cette activité.
After a successfull TV series on the history of astronomy (1991), and a number of publications for science dissemination to the wide public, PL, then president of the French Institut de recherche pédagogique, joins Georges Charpak & Yves Quéré, both at the Académie des sciences, to develop a project on Inquiry Based Science Education (IBSE), in French La main à la pâte, which will be PL’s main action after retirement in 2004. PL becomes in charge of the Office for science education created at the Académie (2005), and first president of the Fondation La main à la pâte (2011), with today a permanent staff of 25 persons. This action progressively became a worldwide reference for science education in schools and keeps expanding.
La politique et la vie scientifiques/SCIENCE LIFE AND POLICIES
Nommé à la Section 7, puis 18 du Comité national du CNRS et au Conseil des Observatoires (1978-1983), au Comité des programmes scientifiques du CNES (1981-1987), au Conseil de l’INAG (1978-1984) et au Conseil scientifique du CNRS (1988-1992), au Comité consultatif des universités (1975-1977 et 1992-1996), à l’Astronomy Working Group (1976-80) de l’Agence Spatiale Européenne en particulier dans ses relations avec la NASA (ESA)NASA Space Shuttle Working Group 1973-1975). PL est appelé au ministère de l’éducation nationale, où il sera conseiller et chargé de mission (1981-86) auprès de Jean-François Denisse puis du Directeur général. A ce titre, il participe à l’élaboration du nouveau Doctorat (1984), et prépare de nouveaux Statuts des Astronomes et Physiciens du Globe, ainsi que des OSU et de l’Observatoire de Paris, dont il est membre du Conseil scientifique (1991-1993). Par un Rapport, il pose les principes des CIES, que Claude Allègre créera en 1989. En 1993, il préside une difficile Commission (INAG) sur l’avenir des sites français d’observation astronomique. Il préside la Société française de physique (1989), et en obtient une modification de statuts, doublant la durée du mandat des présidents qui lui succèdent. Il accueille en France Andrej Sakharov peu avant sa mort. IHubert Curien le nomme au Conseil des Très Grands Equipements (1986-93) et François Fillon l’appelle pour une Commission sur La politique spatiale de la France (1994-95).
He occupies a number of public functions in Committees (CNRS and others) and at the Ministry of education and research, implementing a reform of PhD studies in France. He is president of the Société française de Physique (1989).
En 1986, PL est nommé au Conseil de l’ESO, comme scientifique représentant la France (1986-1993). Avec Michel Petit à l’INAG, il veille à la place des scientifiques, de l’ONERA et de l’industrie française dans la réalisation du futur VLT, qui est approuvé en décembre 1987. Jusqu’à sa retraite en 2004, il suit attentivement la mise en place de l’optique adaptative (instrument NAOS) sur le VLT, celle du VLTI. Il veille au développement de l’Observatoire de Grenoble (LAOG) où s’installent nombre de ses élèves.
Outre les relations européennes et avec les Etats-Unis, PL développe des coopérations scientifiques avec l’Inde, l’Australie, le Chili, l’Algérie, toujours avec le souci de l’accueil et la formation de jeunes chercheurs. Entre 2000 et 2010, il est nommé aux Fachbeiräte d’Instituts Max-Planck (Bonn 1984-1988, Garching & Heidelberg). Il préside le Fonds France-Berkeley du Ministère des affaires étrangères (2000-2004).
Representative of France at the ESO Council (1986-1993), he prepares the approval of the Very Large Telescope (1987), participates to its conception and implementation, making sure French science and industry teams would bring and develop their expertise for it. He develops scientific relations within Europe, but also with the developing world (India, Algeria, Chile…). He is member of the Fachbeirat (visiting committees) of two Max-Planck Institutes (Garching and Heildelberg).
La formation et l’avenir des jeunes chercheurs/ TRAINING OF YOUNG RESEARCHERS IN ASTROPHYSICS
Au delà de la formation doctorale en astrophysique et de la réforme du doctorat (1984), son intérêt pour les jeunes docteurs et leur avenir se traduit par la création d’un nouveau Prix SFP (avec Saint-Gobain) et par sa participation active à l’Association Bernard-Grégory, dont il sera Vice-Président (2001-2007), ainsi que par la création d’une Ecole d’été européenne, du Nouveau chapitre de la thèse et du premier concept de Contrat doctoral (1996) au sein de l’Ecole doctorale Astronomie & Astrophysique d’Ile-de-France. PL a présidé la Commission des Allocations de recherche (Milieux naturels) au MRT (1989-1993).
Science, CULTURE, SOCIETE, éthique/ SCIENCE, CULTURE, SOCIETY, ETHICS
PL a été président du Comité d’éthique des sciences du CNRS (2004-2008), et contribue ensuite par de nombreux articles et ouvrages aux réflexions sur l’éthique des sciences. Il est membre du Comité Science et éthique au sein de l’Académie des sciences. Sur la thématique Science, Culture et société, PL a publié plus de 50 contributions.
PL has chaired the CNRS Ethics Committee on sciences (2004-2008), and has extensively published on various subjects on Science, Culture and Society, with over 50 papers, books or contributions.
Distinctions
Membre de l’Académie des sciences de France (1991), de l’Académie Pontificale des sciences (Vatican, 2003), de l’Academia Europeae (2005).
Correspondant étranger de : la Société Royale des Sciences (Liège, Belgium), l’Academia de Educacion (Buenos-Aires), l’Academia Nacional de Ciencias Exactas, Fisicas y Naturales (Argentina), l’Academia de Ciencias Fisicas et Matematicas y Naturales (Venezuela).
Prix Benjamin-Valz (1979) et Henri-de-Parville (1986) de l’Académie des sciences, Prix Holweck de Société française de physique & Institute of Physics UK (1995), Prix Maurice-Pérouse de la Fondation de France, Erasmus Medal, Academia Europeae (2006).
Commandeur de la Légion d’honneur (Officier), Commandeur de l’Ordre national du Mérite, Commandeur de l’Ordre du Lion 2014 (Sénégal)
Curriculum Vitae
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